Depuis l'orage...

A Durmstrang, oui, Durmstrang, l'école de l'excellence où l'on était fier d'entrer, il faisait toujours gris...

La tête haute, le torse bombé, Kessen se donnait de la contenance et tentait d'oublier, sous le ciel d'orage, l'impression oppressante d'être regardé par le monde entier dont il portait peut-être, dans son esprit d'enfant nerveux, tout le poids et tous les avenirs. Mais les regards n'existaient pas, personne ne faisait seulement attention à lui, sous le ciel d'orage, il était seul malgré la foule et il regardait au dessus des têtes en se disant que sa vie à venir allait être dure et longue, plus longue que les dix très longues années qui l'avaient vu grandir.
Les escaliers s'étiraient, inexorablement plats, et les marches semblaient s'allonger alors que ses petits pieds passaient l'un devant l'autre. Il était serré avec les autres élèves qui se dirigeaient d'un même mouvement vers le hall magique... magique et petit... Surpris, déçu, fatigué, Kessen ne savait que penser des lieux médiocres qui l'accueillaient. Il avait cru, il avait espéré, quelque chose de grandiose et d'invraisemblable, des dimensions improbables et des escaliers sans architecture précise. Dans ses songes, il avait vu des lustres chatoillants et de gigantesques tableaux endormis.
Les autres pensèrent comme lui. Ils s'arrêtèrent. Ils avaient le souffle coupé mais ce n'était pas pour les raisons souhaitées. Rien n'était merveilleux dans le monde magique dans lequel ils entraient. Quelques fils de moldus parurent étonnés tout de même... Un roulement de tonnerre passa non loin, précédant de peu un éclair violent qui fit ressortir quatre têtes terribles aux yeux vides qui paraissaient horriblement réalistes et qui se gravèrent dans les yeux du petit Sang Pur, comme des négatifs qui s'imprimaient ensuite partout où il posait les yeux dans la prénombre.
Les jeunes gens grelotaient, le bâteau qui les avait amenés était humide et froid et le temps allait de mal en pis. Alors, c'était ça la Bulgarie ? Kessen ne se plaignait pas, il faisait plus froid encore en Finlande. Son pays lui manquait ardument, et il souhaitait, tout à coup, retrouver sa mère et son père. Il chercha Yven du regard. Il était sans doute perdu avec les autres et Kessen était seul parmi le monde.
Un homme, haut, massif, habillé de fourure, annonça d'un ton froid qu'ils avaient quelques heures à attendre. Il y eu des grognements exaspérés mais, frappant son bâton sur le sol, l'homme fit taire l'assemblée. Nombreux furent ceux à s'asseoir sur les marches. D'autres refusaient toujours d'avancer, ils avaient peur des "monstres" de l'école comme des monstres du placard. Ils voyaient en Durmstrang un genre d'épouvantard qui allait se modifier en leur pire cauchemar s'ils tournaient la tête ou faisaient un geste.
Ceux qui se tenaient encore dehors furent soudain poussé à l'intérieur et les portes se fermèrent dans un claquement sourd. Cela provoqua une vague humaine et les premiers jeunes gens s'échouèrent contre les rampes et sur les marches.
Kessen alla s'asseoir dans un coin, en attendant que l'orage passe...